Dans le cadre de notre série d’articles consacrée aux mutations du travail post-pandémie, nous vous présentons une nouvelle tendance observée depuis peu : le quiet quitting. Elle s’étend de plus en plus dans le monde entier depuis l’été 2022 et tend à s’instaurer durablement chez les jeunes générations.
Quiet quitting : les origines de cette tendance
La tendance actuelle au quiet quitting, ou “démission silencieuse », trouve ses origines aux États-Unis depuis la fin de la pandémie. Elle a été mise en lumière sur les réseaux sociaux qui ont décuplé l’ampleur de ce phénomène, notamment la plateforme Tiktok où une vidéo abordant le sujet a été visionnée plus de 3 millions de fois en juillet 2022.
La démission silencieuse repose sur un principe fondateur : ne pas aller au-delà du cadre de ses missions. Pas de zèle, ne pas dépasser le cadre de sa fiche de poste ou encore ne pas faire d’heures supplémentaires sont les prérogatives de ce phénomène. Cela consiste en somme à n’effectuer que le strict nécessaire.
Il faut cependant nuancer ses origines car en France comme ailleurs, ces comportements ont toujours existé et ne sont pas nouveaux. Nous constatons cependant que le phénomène s’est intensifié suite à la pandémie de COVID-19 qui a rebattu les cartes en termes d’équilibre vie professionnelle et de vie privée, mais aussi de priorités chez les salariés.
Quels sont les profils touchés ?
D’après une étude Ifop pour l’entreprise Les Makers, 37% des actifs français pratiqueraient la démission silencieuse. Cette enquête menée sur un échantillon représentatif de plus de 1000 cadres nous révèle que le phénomène :
- touche 43 % des actifs de moins de 35 ans
- que 45 % des salariés interrogés affirment “faire juste ce qu’il faut” au travail
- que 74 % des sondés estiment que les jeunes générations travaillent moins qu’avant (y compris les jeunes eux-mêmes)
Le rapport au travail a évolué ces dernières années et il est de plus en plus questionné par plus d’un tiers des salariés.
Pourquoi prend-il autant d’ampleur ?
Comme nous vous l’expliquions plus tôt, la crise sanitaire a mis en perspective de nouvelles possibilités de choix de vie. Les confinements obligatoires ont permis à bon nombre de familles de passer plus de temps réunis, de renouer avec leurs valeurs familiales et d’accorder moins d’importance à leur activité professionnelle.
Les salariés questionnent de plus en plus la culture du travail et la grande place qu’il prend dans leur vie. En effet, il peut créer de l’insatisfaction dans la vie des travailleurs et les pousser à remettre en question leur investissement de temps. Ainsi, entre une surcharge de travail, un manque de reconnaissance et une perte de sens au travail, certains répondent par un désinvestissement au travail.
La période actuelle est incertaine et toute une génération considère que la vie ne se résume pas au travail. Avec la crise écologique qui engendre le réchauffement climatique, la crise économique qui génèrent une inflation soutenue ou le conflit russo-ukrainien qui a donné lieu à une crise énergétique, les préoccupations évoluent grandement.
Comment peuvent réagir les entreprises ?
Cette nouvelle tendance est une préoccupation pour les managers. La nature discrète du quiet quitting ne leur permet pas de repérer les employés concernés, et de lutter contre ce phénomène.
La démission silencieuse est révélatrice de nouveaux besoins exprimés par les salariés, notamment envers la liberté et l’indépendance au travail. Ces besoins sont intimement liés avec l’engagement collaborateur. Pour maintenir ce dernier, les entreprises doivent :
- assurer des bonnes conditions de travail à leurs employés, une culture du travail saine
- reconnaître leurs succès et les promouvoir s’ils sont méritants
- développer des relations de confiance entre managers et managés
- faire preuve de flexibilité (horaires de travail, date de congés…)
- laisser les collaborateurs être autonomes dans leur gestion du temps et de leurs tâches
- assurer un équilibre vie professionnelle vie personnelle
Du quiet quiting au quiet firing ?
Globalement, le quiet quitting est la tendance du moindre effort, les employés continuent à travailler uniquement pour subvenir à leurs besoins. En réaction à ce mouvement, nous constatons l’émergence d’un nouveau phénomène : le quiet firing. Cette tendance est une réponse managériale au quiet quiting. L’entreprise “met au placard” l’employé, et ne lui offre pas d’opportunités d’évolution, afin qu’il démissionne sans indemnités.